Aujourd’hui, nous sommes le 17 janvier 2022, il est 22h15. Ma vie bascule, le temps s’arrête ! 

Je suis la maman d’Anthony, de Camille et Chloé mais le 18 janvier 2022, ma vie de maman s’est effondrée lorsque 2 policiers sont venus m’annoncer la plus inhumaine des nouvelles : le décès d’Anthony. 

Anthony a perdu la vie, victime d’un délinquant multirécidiviste. Cet individu, sous stupéfiants et armé d’un véhicule lancé à la vitesse folle de 177 km/h, (bien au dessus des 70 km/h autorisés) a fait le choix délibéré de s’affranchir de toutes règles. Il a volontairement transformé sa voiture en une véritable arme létale. Il était en possession de bonbonnes de protoxyde d’azote qu’il tentera de dissimuler. Il a choisi, en conscience, de mettre des vies en danger. Ce soir là, c’est celle de mon fils Anthony qu’il a pris. 

Ce n’était pas une erreur, ce n’était pas un accident, c’était une décision consciente de conduire drogué, à une vitesse criminelle. Il ne pouvait pas ignorer que son comportement pouvait être fatal. Compte tenu de ces antécédents judiciaires et des avertissements reçus de la justice, il aurait du être plus conscient des risques que chacun d’entre nous. Anthony est devenu une victime de plus dans une société où l’on banalise trop souvent l’irresponsabilité criminelle. C’est un Homicide Routier. 

Ce délinquant se dit être traumatisé par cet Homicide mais au moment des faits, au lieu de chercher de l’aide, ou de s’occuper de la victime , sa seule préoccupation a été de jeter les bonbonnes de protoxyde d’azote et d’ordonner que les secours ne soient pas contactés. La victime ou plutôt l’«  enculé », comme cet individu a nommé mon fils juste après l’avoir tué, n’était pas sa priorité. 

Anthony avait des projets plein la tête, une énergie contagieuse, un sourire complice. Il enseignait le judo et partageait son code et ses valeurs : la politesse, le courage, la sincérité, le contrôle de soi, l'honneur, la modestie, le respect et l’amitié. Tout au long de la procédure et pendant sa détention provisoire, ce délinquant a démontré que ces valeurs lui faisaient cruellement défaut.

J’ai échoué dans ma mission la plus sacrée : protéger mes enfants. Je n’ai pas pu empêcher ce délinquant de s’attaquer à Anthony et cette douleur me ronge chaque jour. Mais dans l’horreur, il y a eu un peu de lumière, des témoins présents, ont pu accompagner Anthony dans ses derniers instants. Ils ne l’ont pas laissé seul. Ils lui ont offert un peu d’humanité, là ou il n’y a que violence. A eux, je veux dire, merci. Merci du fond du cœur. 

Je refuse que la mémoire d’Anthony se résume à un simple numéro de dossier. Je réclame une justice à la hauteur de l’irréparable. J’ai l’espoir que cette audience rappelle que chaque victime a un nom, une histoire, une famille. Je suis là pour lui. Pour que sa voix soit entendue à travers la mienne. Pour que ce drame éveille les consciences. J’attends que celui qui a causé cette tragédie soit puni réellement pour son acte, que la justice soit enfin rendue. 

Certes rien ne pourra me ramener Anthony, comme le dit si bien l’avocat de la défense pour justifier la libération de son client, mais je souhaite une justice à la hauteur de l’irréparable, soit la peine maximale de 10 ans d’emprisonnement, bien inférieure à la peine à laquelle Anthony a été condamné. Une peine pourtant abolie depuis des décennies.

Ces drames ne sont pas une fatalité. Ils n’arrivent qu’aux autres jusqu’au jour où les autres c’est nous, c’est vous.