Madame la Présidente, Mesdames, Messieurs,

Le 17 janvier 2022 Anthony rentrait chez lui après avoir dispensé ce qui restera son dernier cours de judo. Il devait retrouver Mélanie qui l’attendait à la maison. Il roulait sur la rocade bordelaise. Pas vite même s’il était impatient de rentrer.


Et puis, il l’a certainement aperçu dans son rétroviseur ! Et il a forcément compris :

 

Il a compris que le choc allait être très violent.

Il a compris qu’il ne reverrait pas Mélanie,

Il a compris qu’il ne reverrait pas sa mère,

Il a compris qu’il ne reverrait pas son père,

Il a compris qu’il ne reverrait pas ses sœurs,

Il a compris qu’il ne reverrait pas sa famille,

Il a compris qu’il ne reverrait pas ses amis…

 

 

Le 17 janvier 2022, à 22h13 Anthony a été tué.

Fauché à 30 ans par un conducteur sous stupéfiants, roulant à 177 km/h sur une rocade limitée à 70.

Anthony a 30 ans pour toujours !

L’auteur vous dit qu’il était attentif à sa conduite. C’est faux. Avant de percuter la voiture d’Anthony il a parcouru 900 mètres en ligne droite. Malgré la vitesse qui était la sienne il lui a fallu tout de même pas moins de 20 secondes pour parcourir cette distance. La route était sèche. La visibilité parfaite. Les feux arrières de la voiture d’Anthony étaient allumés et donc visibles. S’il avait été attentif, il aurait eu largement le temps de le voir. Et de l’éviter.

 

Ce conducteur n’en était pas à sa première infraction.

- Depuis plusieurs années il enchaînait les infractions sans être sanctionné ancrant en lui un sentiment de totale impunité.

- Un loueur de voiture, irresponsable, lui a confié un véhicule surpuissant alors qu’il ne répondait pas aux exigences du contrat d’assurance qui précise que seuls les conducteurs de plus de 21 ans et titulaire du permis de conduire depuis au moins un an sont assurés.

- Il a consommé volontairement des substances modifiant son discernement et sa capacité à conduire.

- Il conduisait la voiture à une vitesse excessive.

 

Il connaissait les risques. Il a choisi de les ignorer.

Il vous dit qu’il n’avait pas consommé de protoxyde d’azote en conduisant ce soir là. C’est certainement faux et nous le savons tous même si rien ne permet de le prouver scientifiquement. Mais alors, s’il n’en avait pas consommé, pourquoi a-t-il pris soin de dissimuler les bonbonnes dans sa voiture ? Peut-être aura-t-il un peu de courage aujourd’hui et qu’il reconnaîtra que c’est l’usage de cette substance qui l’a empêché d’être attentif à sa conduite.


Aujourd’hui, c’est nous qui vivons la condamnation à perpétuité : celle de l’absence.

Depuis 3 ans 5 mois et 6 jours, nous vivons avec ce vide, cette colère, cette injustice.
Anthony ne reviendra pas.

Mais ce que nous demandons ici, aujourd’hui, c’est que sa mort ne soit pas considérée comme une simple conséquence "involontaire".

Parce que rouler à 177 km/h, sous drogue, après avoir été plusieurs fois poursuivi pour des délits routiers, ce n’est pas une faute.

C’est un mépris absolu de la vie des autres.

C’est de l’inconscience criminelle.

Et si la justice ne le reconnaît pas comme tel, alors qu’est-ce qu’elle protège ?
Qui protège-t-elle ?

Anthony était un jeune homme souriant, plein de vie, respectueux des règles, de la vie des autres.
C’est lui qui est mort. Il a été condamné pour une faute commise par un autre ! Quelle injustice !

Aujourd’hui, je vous demande, avec tout le respect que je vous dois :
Rendez justice à Anthony.

Montrez que la vie humaine, même celle d’un jeune homme qu’aucun de vous ne connaissait, compte.

Ne banalisez pas l’inacceptable.

Ne transformez pas une vie volée en simple "fait divers".

Parce que derrière ce dossier, derrière ce nom sur un papier, il y avait un fils, un frère, un conjoint, un petit-fils, un neveu, un cousin, un ami.

Et il mérite, au moins une fois, d’être regardé en face par la justice.

Je vous remercie.